23 juill. 2023

Les clefs





Knowlton est un joli village….

Très joli.


Knowlton est un joli village.  J’y suis allé faire un tour au mois de juin de cet été.  Pour le plaisir de me promener en voiture un beau samedi ensoleillé.  Curieusement je m’y retrouve le samedi suivant de l’annonce de la fin de mon mandat.  Un swap de maison et chalet avec un couple d’amis qui avait besoin de quelques jours à Montréal et moi besoin d’en sortir….   

Knowlton est un joli village.  Le monde lui, il est joli comme il peut et il ne peut pas grand chose par les temps qui courent.  Il est de plus en plus chaud, il pleut de plus en plus.  Même à Knowlton, comme me le disais un vacancier rencontré sur la petite plage privée que seuls ceux qui ont la clef du cadenas peuvent utiliser, la veille il pleuvait à torrent et l’eau et le gravier coulait dans les rues.

J’ai une clef pour cinq mètres de plage….  Le chalet loué par mon couple d’amis y donne droit.

Autrement il faut avoir une maison qui donne directement sur le lac.  Ou rien du tout.  Tu vas à la plage municipale.  Pas beaucoup plus grande.  Dans la vie il faut avoir des clefs….  

À quoi cela sert des clefs ?   À ouvrir des choses ?

Non, à fermer des choses pour les gens qui n’ont pas clef….

Je suis allé marcher Knowlton,  une seconde fois, plus longtemps….

Il y a une exposition de mannequins peints et décorés par des artistes.  Une initiative du propriétaire d’un atelier du village.   Je les scrute d’un à l’autre, comme un chemin de croix et suis surpris d’être interpellé par les messages que certains d’entre-eux me garochent au visage, « faire circuler la lumière dans le corps ».

C’est peut être ce qu’il me faut, faire circuler la lumière…     

J’ai un théorie sur les symboles….  En fait j’ai des théories sur presque tout mais pour le moment je vous parle des symboles.   Le cerveau voit ce qu’il a besoin de voir.   Ainsi quand tout plein de choses lui sont présentées, il voit d’abord ce qui le préoccupe.  Question de programme.  Alors si je regarde une suite de mots dessinés sur un mannequin je vais peut-être accroché sur quelque chose de particulier….  Je me dis….   Faut peut-être faire circuler la lumière….  Même si j’ai aucune idée comment le faire…

La vie est bonne pour moi.  J’ai une bonne tête et je fais un métier intéressant.  Je gagne bien ma vie, très bien même.  Je fais partie de ceux qui ont une clef dans les mains, de temps en temps.  Pas une grosse clef.  Une petite clef…. Pas toujours les mêmes…. Des petites clefs…

Knowlton c’est très joli.   Il y a beaucoup de clefs à Knowlton et certaines sont très grosses.  Les plus grosses clefs ont toujours un accès au lac.  Je me mets à penser à mon Verdun.  Autrefois ridiculisé comme un quartier défavorisé, maintenant considéré comme un des meilleurs endroits de la ville.  

Pourquoi je pense à Verdun ?  Il n’y a pas de lac à Verdun.  Il y a un fleuve.  Et toutes les berges sont publiques.  Pas besoin de clef.  La piste cyclable fait le tour.  Le long du fleuve, vers LaSalle puis au retour, le long du canal Lachine.  C’est un grand parc où tous sont bienvenus.   

À Verdun avoir une clef ce n’est pas avoir accès à l’eau.  C’est plutôt avoir un stationnement….  Et même pour certains c’est le simple fait d’avoir un endroit où se loger…. À Verdun où ailleurs…

Je me promène à Knowlton, c’est un joli village.  J’imagine des souvenirs en regardant les maisons.  Il y a beaucoup d’artistes, des cafés.  Je me dis que ce serait bien de vivre ici.  Pas trop loin de Montréal.  Maintenant que le télétravail est entré dans les mœurs ce serait faisable de ne travailler que deux jours semaine, en présentiel à Montréal, en couchant une nuit chez des amis.

Tout est possible.   Mais si j’habitais à Knowlton j’aurai probablement pas de clef pour aller sur le lac…

Faire circuler la lumière….    Hum…

La vie ne va pas toujours comme je le voudrais.  Je n’ai pas encore fait le dixième de ce que je voudrais faire dans cette vie.  Il y eu plusieurs occasions ratées...

Je pense que nous sommes tous un peu comme cela…  

Cependant, j’aime l’expérience de cette vie, les perceptions de nos sens, les émotions qui naviguent dans nos corps, les souvenirs qui surviennent de lieux où nous ne sommes jamais allés.   

Je ne suis pas sûr que nous soyons tous comme cela…

Je suis le genre de bonhomme qui s’installe dans un endroit et qui ne bouge plus.  Je suis parfois très lent.  J’attends que les choses me passent au travers.   Il y a une saveur dans tout…

Hum…. 

Dans le fond, peut-être que la lumière circule déjà…

Ca doit me faire une autre petite clef…











3 août 2015

Waxman

- C’est la première fois ?

- Heu, oui...

- Alors profitez bien de l’expérience.  Vous allez aimer cela la première fois.  Mais après quelques heures, vous n’aurez plus qu’envie de retourner chez vous...

Je suis dans la salle d’essayage de chez Waxman.  Le type, calme mais sympatique, prend mes mesures d’une manière très précise.

- Pantalon 40.

- Mais c’est impossible.  Je vais me perdre là-dedans...   Je ne porte pas du 40...

- Votre taille n’est pas 40 mais vos jambes le sont.  On va vous donner des 40 et ajuster autour de la taille.

Évidemment.  J’ai d’énormes jambes.  Ce qui fait que mes pantalons sont toujours trop serrés au niveau des cuisses.  Ce qui me pose toujours problèmes selon la coupe du pantalon.  Mais le gars est un professionnel, il connaît tout cela.  Il m’apporte sa sélection.

- Vous faites cela souvent, que je lui demande...

- Oui souvent, surtout pour les gros tournages.  Essayez le pantalon et la chemise,  je vais ensuite vous aider pour les vestons.

En quelques minutes tout est réglé.  Me voilà avec un joli tuxédo à ma taille pour jouer dans une scène du dernier film de Denis Villeneuve.  Parmis je ne sais combien d’autres figurants, je ne sais pas encore.  Mais je crois qu’il y aura ben du monde....  Et puis que je risque de n’être qu’une tâche dans une immense salle de bal, car c’est une scène de bal que nous devons jouer.

Figurant ca me va très bien.  C’est un rôle que je me donne déjà souvent dans le quotidien.  J’aime observer.  Prendre le temps de voir.

Je devrais donc me fondre dans la masse du tournage de M. Villeneuve.  Je vais faire de mon mieux.  Bien écouter toutes les directives.

Et puis ensuite je vais vous raconter...

Comment tout cela s’est passé.

M.

13 déc. 2014

Le fumeur de gauloises


Je ne sais toujours de quoi j’ai l’air.  Ce soir là j’avais, j’imagine, l’air de moi.  Fumant une cigarette à la sortie d’un métro en clavardant avec une amie à laquelle je me proposais de rendre visite.  Un jeune homme me demande une cigarette.  Chose que je refuse rarement.  J’offre même parfois de  mon propre chef l’objet aux gens qui me tendent la main dans la rue.  Je n’ai jamais beaucoup de monnaie mais j’ai toujours des cigarettes.  Le  geste est généralement bien accueilli.  Sauf une fois, un sans-abri exceptionnellement non fumeur qui me regarda d’un air voulant dire « Hey mec, tu trouves pas que j’ai pas assez de problèmes comme ça? ».

Mais revenons à ce jeune homme auquel offre donc une cigarette tout en continuant la conversation que j’avais du bout de mes doigts avec mon amie.

- Des gauloises!.  Vous avez l’air de quelqu’un qui fume des gauloises.

Du moins j’apprenais ce soir la couleur de mon air.  Celle d’un fumeur de gauloises.

Je lui précise que c’est du tabac blond, et que ce sont les plus faibles qui puissent êtres, comme pour m’excuser de ne pas être un fumeur invétéré de cigarettes fortes et odorantes comme on pourrait penser qu’un fumeur de cigarettes européennes l’est.

Et puis il me parle et m’accompagne un bout de chemin alors que je me dirigeais vers l’amie qui maintenant, au bout de notre conversation numérique, attendait ma venue.

Ce n’est pas que je cherche de la compagnie mais c’est parfois la compagnie qui me cherche, prenant la forme d’un demandeur de cigarette ou autre.  Je ne sais pas pourquoi, je dois avoir l’air d’un type qui cherche la compagnie des autres.

Volubile, le jeune homme démarre sur la généralisation de l’utilisation des téléphones intelligents au détriment des ‘vrais’ conversations et sur ma propre concentration sur le petit appareil alors qu’il était, tout-à-l’heure, lui-même à me parler.  Je précise que j’étais moi-même en conversation avec quelqu’un, aussi numérique que conversation puisse avoir été.  Mais je me rend bien vite compte que mon doux argumentaire ne démonte pas l’individu.  J’ignore même s’il y fit la moindre attention, continuant sur sa lancée alors que nous arpentions le trottoir.

J’ai parfois l’impression que dans la balance des choses, la jeunesse use grandement de cette motivation quelle propage comme elle peut, selon l’inspiration du moment et les tendances de son coeur, comme une vague déferlante qu’on ne peut retenir et pour laquelle il faut bien trouver une cause afin éviter l’inondation de l’âme.  Mon nouvel ami, avec forts gestes et paroles, me parle de l’horrible situation dans laquelle le monde se trouve, les gens condamnés à marcher le dos courbés, fascinés par le carré de lumière qu’ils tiennent dans leur main, les ‘vraies’ conversations misent au rancard, substituées par l’électronique.  J’opine à ses affirmations, en toute lâcheté et heureux que son débit ne me permette pas de rétorquer.  Comment lui expliquer que ce genre de réflexions devaient être les même qu’au moment de l’invention du téléphone?  Que je crois que l’utilisation de l’outil est bien plus à blâmer que l’outil lui-même.  Que je travaille dans le domaine des TI et que je possède une panoplie complète des gadgets qu’il maudits, que ma montre est connectée à mon iPhone et qu’une caméra web me permet même de vérifier le bien-être de mon chat alors que je suis au boulot.  Que je ‘Skype’ avec ma mère de 91 ans tous les jours et que Facebook me permet de conserver le lien avec mes amis qui n’habitent pas à Montréal où je ne connais presque personne.  Que j’utilise mon iPad au bureau de manière presque abusive…  Que je suis un geek fini….

Finalement il s’engouffre dans une porte menant à une destination que j’ignore et pour laquelle j’ai peu d’intérêt, non sans m’avoir chaleureusement salué, heureux de notre conversation et moi de son départ.

Soulagé, car j’étais presque à destination et que je suis de cette génération qui rebutent d’informer où ils vont, surtout quand c’est chez une dame, de peur que l’ont viennent ensuite l’ennuyer, sachant dans quelle porte ils m’ont vu m’engager.  Je suis de cette génération qui craint pour les dames et qui s’octroie, peut-être à tord, de les protéger.  Ainsi en toute avenue, aussi minime que soit les risques, il me vient l’idée qu'il est possible qu'un malheur survienne et qu'il me faut l'éviter, ne pouvant concevoir ou supporter qu'une maladresse de ma part cause préjudice à une dame de ma connaissance.  Je considère que ce monde est dangereux et n'y accorde que peu de confiance.  Croyant dur comme fer que pour les nombreuses personnes que je considère des gens biens il existe une myriade d'âmes perdues et dangereuses, prisonnières des méandres de leurs esprits et sujettes aux comportements les plus imprévisibles.

Toutes ces considérations font de moi un être revêche, peu porté aux nouvelles connaissances et suffisamment lâche pour éviter la confrontation avec les inconnus. Je réserve mes opinions pour la compagnies de gens dont je connais suffisamment les airs pour être assuré de la justesse de leur caractères et de la stabilité de leurs tempérament, évitant d'un côté le soliloque de ceux qui savent tout et dont on ne peut tirer la moindre ouverture envers d’autres opinions que les siennes et la colère de l'idiot persuadé que l'émotion qui le transporte ne peut qu'émaner de la justesse de ses affirmations, lesquelles lui donnent doit de lever le ton et même le bras si d'aventure il se retrouve retranché dans le bazar de ses croyances par une juste remarque à laquelle il n’aura de réponse que la frustration et le mécontentement.

Je préfère ceux qui doutent.  Peut-être par esprit de fraternité ou recherche des zones confortables. Il m’apparait que les septiques usent de plus de raisonnement que de calories ce qui me pousse à croire qu’une discussion avec eux possède de meilleures chances d’aboutissement, dans un sens ou dans l’autre, peu importe que je convainque où soit convaincu du moment où nous aurons l’impression d’approcher d’une sorte de vérité ou au moins d’écarter les avenues les plus burlesques et échevelées.

Je monte maintenant l’escalier qui me permettra de prendre quelques minutes pour dire bonjour et recevoir quelques nouvelles de mon amie.

J’aimerais vous dire qu’il ne me faut que peu de temps pour oublier le jeune individu mais il n’en est rien, Je n’oublie jamais rien, au mieux tout se transforme à force d’accumuler les couches de souvenirs les unes sur les autres.

Je cherche encore la signification de tout cela…





12 avr. 2014

La pièce du fond....

C'est un peu le foutoir dans la pièce du fond.  Pour une fois j'ai un sous-sol bien mis.  Avec de l'espace pour la télé, la table à dessin, le bureau avec les ordis.  J'ai de la place et c'est bien rangé.  Tout est bien rangé parceque j'ai la pièce du fond où je peux cumuler les trucs et les patentes sans encombrer le reste de l'appartement.  Alors je cumule les trucs et les patentes en conséquence.  Et trucs et patente il y a.  Tout ce bel assemblage me procure un rez-de-chaussée bien dégagé et sobrement décoré.  Avec de la lumière et de l'espace, une belle vue sur la chambre du fond et la petite cour.  J'aime bien que l'accès à la cour se fasse par la chambre.  Quand le soleil tape, ça me donne l'impression de dormir dans une colonie de vacances.  L'été je vois mon petit coin de verdure de mon lit.  Quand il pleut, je laisse la porte patio ouverte et m'octroie un somme rempli de songes de gouttes de pluie.

Ce n'est pas parfait.  C'est situé dans un endroit un peu bruyant.  Mais ça va....  J'aime bien....

- Alors c'est quoi le problème McLeod ?

C'est un peu le foutoir dans la pièce du fond.  Je dégage tranquillement certaines affaires.  J'arrange un coin.  J'installe un chevalet.  J'accroche des lumières.

Bref, je vais peindre...

- Quoi ?  T'as pas d'atelier ?

Non, alors je m'invente un atelier.  Je sors les pots de peinture et tout l'attirail qui va avec.  Les toiles sont entassées dans un coin.  Je vais peindre...  Encore une fois...  Oui, je vais peindre...

- Tu vas peindre quoi?

Encore une fois, une énorme période de temps est consacrée à ne rien faire....   À me promener dans mon assemblage...   Qu'est-ce que tu vas peindre McLeod?   Je regardes les croquis de modèles vivants...  Certains sont bien...  Je regarde les photos de des anciennes scéances de modèles...  

Certaines sont bien....

Je regarde au fond de moi, les idées qui traînent....

Certaines sont potables....

Je dispose les pots de peintures sur une grande surface....  Les plus petits pots sont les plus chers, des fois plus de cinquante dollards pièce....    Et moi qui gaspille si souvent....  Qui peinture par dessus la peinture...  Qui badigeonne abondamment....   

Je devrais m'acheter de la peinture Sico, ça me coûterait moins cher....








1 mars 2014

C'est juste le café

J'ai le coeur qui fonctionne doucement, lentement on dirait qu'il dort...

Je me lève doucement le matin pour pas le réveiller.  J'essaie de ne pas faire trop de bruit...  Je marche lentement pour aller au bureau.  Si je prends trop de café au boulot et que je sens qu'il s'énerve lors je le rassure...

- Hey vieux, calme toi, c'est que du café...

- T'es sûr, c'est seulement du café ?

- C'est que du café, j'te jure, rien d'autre.  Allez, rendors-toi et fout moi la paix...

Ca lui prend un peu de temps pour sombrer...  Il espérait autre chose...

- C'est juste du café, enfoiré!  Tu ferme ta gueule et tu va ronfler dans ta cage thoracique comme un bon petit bonhomme de coeur.  J'ai du travail à faire moi...

- Bon, ok, mais il me semble qu'il y avait une fille dans le métro tout à l'heure, me semble bien que...

- Lâche-moi avec les filles dans le métro et marche te coucher!

Il me fait gerber avec les filles dans le métro, les filles dans la rue, les filles dans les autos, les filles dans les cafés et les bars.  Les filles partout...  Si ça continue je vais être obligé de raser les murs, d'aller au travail avec un bandeau sur les yeux et un chien d'aveugle, de ne plus écouter la télé ou même la radio...

- Elle a une belle voix elle, tu trouve pas? Je suis sûr que c'est une personne formidable.  Elle sourit tout le temps et elle aime la neige.  C'est sûr, c'est le genre à sortir la langue pour attraper les flocons.  Tu pourrais la faire rigoler facilement avec tes conneries.  Ce serait chouette...

- Tu dis n'importe-quoi...  Une jolie voix ça veut rien dire.  Elle est probablement rien de tout cela.  Elle gagne un salaire de misère pour faire sa chronique, son chum fais des heures de nuit et le couple bât de l'aile.  Elle est à son deuxième avortement et crêve de trouille car elle est retard et sais qu'elle ne pourra en supporter un troisième, surtout que c'est probablement cette histoire d'un soir...   Une histoire à la fois glauque et pourtant aussi autre chose...  Quelque chose qu'elle a de la misère à définir, quelque chose qui lui manque...  Quelque chose qui fait que parfois les filles cherchent les histoires glauques.

- Tu divagues voyons!

- Et toi, tu divagues pas?  Retourne te coucher enfoiré!

Des fois il me mets en colère.  J'aimerais le sortir de ma poitrine et lui mettre le nez dans sa merde.

-Regardes!  Regardes de quoi t'as l'air!  T'es ratatiné comme un raison sec, t'as de la misère à respirer, tu racles comme un instrument aratoire oublié par un fermier mort depuis longtemps...   Alors tu fermes ta gueule!  Tout ce que je te demande c'est de pomper le sang.  C'est pas compliqué ça?  C'est pas trop dur?  Soixante fois par minute, un petit coup de pompe et hop! Tous le monde est content, on maintient la machine en vie et tout va pour le mieux.  Alors oublie tes rêves de grandeur et retourne dans ta thoracique de cage.

...

Mais je me lève doucement le matin pour ne pas le réveiller.  Je le laisse dans ses rêves, je sais que c'est là qu'il est le mieux.  Des fois je me souviens un peu de les avoir partagés avec lui.  C'est toujours un peu flou, quelques images, des sensations.  Mais faut pas trop que j'y pense, sinon je vais le réveiller.


- Hey salut!  Tu te souviens du rêve de cette nuit?  Avec la fille qui bouffait des flocons de neige?  Chouette non?

- Non.  Me souviens de rien...

- Tu me compte des blagues!  C'est pas possible que tu t'en souvienne pas....

- Me souviens de rien.  Lâche-moi et retourne te coucher.

- Mais j'ai bien senti quelque chose...  me semble...

- Retourne te coucher, c'est rien...   

C'est juste le café....

 






9 févr. 2014

Demain c'est lundi

Je vais manger du saumon....  Probablement....  avec des pâtes fraîches et un verre ou deux de vin blanc.  Je vais écouter un film, chercher une nouvelle voiture sur internet ou encore perdre facilement mon temps à ne rien faire vraiment...  Je vais écouter le bruit de la lampe, en fumant une cigarette et en regardant ce qui se passe quand on ne regarde pas.

Je vais rien foutre.

Je vais faire l'aménagement de l'atelier.  Je vais classer toute une vie de paperasse.  Je vais écrire l'histoire d'un enfant qui se demande pourquoi il est venu au monde et pourquoi personne ne semble se poser la question.  Je vais faire une conférence sur les bienfaits du doute.

Je vais trier mes légumes par ordre de grandeur, en une belle ligne droite.

Je vais fumer une autre cigarette...

Je vais écouter un reportage sur les méfait de la télévision.  Je vais laver la vaiselle.   Je vais expliquer au chat pourquoi il est seul, le jour, à la maison.  Je ne vais pas fumer une autre cigarette, je vais attendre...

Je vais me verser un autre verre de vin et finalement m'allumer une autre cigarette.  Je vais écouter de la musique sans parole.  Je vais pointer un doigt accusateur vers ma planche à repasser qui ne fait pas bien son travail.  Je vais réfléchir à la situation du monde et à ma grande capacité à me foutre de la misère des autres.  

Je vais arrêter de penser au reste du monde et à ma capacité à fermer les yeux. 

Je vais tenter d'arrêter de penser au reste du monde.

Je vais me verser encore du vin et fumer encore des cigarettes.

Demain c'est lundi.

Je vais pouvoir me mettre au travail et arrêter de penser à toutes ces choses....

1 févr. 2014

Les choses vont...

Je vais bien.  Les choses vont comme elles vont.  Je règle les petits irritants et je regarde le reste passer sans savoir ou il va.

J'ai des projets qui se construisent lentement, doucement, dans la lenteur de mes créations.  Je produis peu.  Je crée le vide autour de moi et puis le vide se meuble de lui-même.  Je ne fais qu'écouter ce qui se construit dans le silence.  Il y a tout un monde dans le silence.  

J'essaie d'éviter les éclats de voix et les rires bruyants.  Je n'aime pas quand les gens parlent trop fort autour de moi.  Ça brise les fragiles constructions de mon silence.

Pourtant j'aime être entouré de gens...  Je ne suis pas un solitaire.

Ce qui parfois cause problème.  Comme aujourd'hui, au petit café où je me rend souvent.  Deux types s'installent sur une table tout près et le plus jeune parle fort et sans cesser d'exprimer sa frustation sur un tas de choses que je préfèrerais ne pas entendre...

Je ne supporte pas longtemps cette proximité et plie bagages.

J'achète une bouteille de vin conseillée agréablement par un employé de ma SAQ.

- C'est un 91 au magazine, Wine Advocate.  C'est rare pour un vin de ce prix.

22 dollars.  C'est dans mes moyens.  Je vais faire une petite découverte ce soir.

Un peu plus tard j'entre dans cette nouvelle petite pharmacie de la rue Wellington pour acheter une crème pour soulager ces petites brûlures de froid que j'inflige à ma peau en ne m'habillant jamais comme il faut les jours de basses température.  Je passe un bon quart d'heure avec le jeune pharmacien propriétaire qui m'explique un paquet de choses que j'ignorais...

- Toutes ces crèmes sont à base d'aspirine...  Oui, de l'aspirine...  C'est fort et ça retire une petite partie de la peau...  À déconseiller si possible.  Il me propose quelque chose d'autre...  Il connaît son sujet et n'est pas avare de conseils.

Bon, je viens de trouver ma pharmacie...

Et puis voilà.  Je me ramasse au Béné pour un apéro...  Il y a peu de monde le samedi à 16h30.  C'est parfait...   J'écris ces lignes sur mon ziPad...

Hier c'était la fin d'une semaine de travail intense.  Elles le sont souvent.  Même si je ne travail que rarement plus de huit ou neuf heures par jour, je suis généralement épuisé à la fin de ma journée.

Les choses vont bien.  J'aime mon travail et les gens qui l'agrémentent.

Je me sens un peu seul parfois de retour à la maison.  Comme hier...  J'allume la tablette ou l'ordinateur et je cherche la famille.  Je jase avec soeur Sylvie souvent.  Je skype avec ma Candide de mère.  Hier j'ai pu contribuer à connecter Louis et Sylvain avec Candide, son rire de petite fille et ses 90 années.

J'arrive dans mon appartement.  Eve est venue faire le ménage.  C'est nickel, comme d'habitude.

Mais des fois je me sens loin de tous le monde.

...

Je magasine une nouvelle voiture.  Je vais encore acheter un modèle de luxe mais très usagé.

Un peu comme moi....  J'imagine...